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dimanche 14 août 2011

Des gestes en complément de la parole enrichissent la qualité des discussions

Grèce: Les indignés écoutent avec les oreilles, mais parlent avec les mains


Leurs assemblées ont permis la création d'un mode d'expression bien singulier...

Sur la place Syntagma d’Athènes, la démocratie réelle prônée par ses occupants implique des débats permanents. Toutes les équipes, les assemblées thématiques et plus encore, l’assemblée générale, y sont soumises. Mais il y règne une harmonie d’expression tout à fait étonnante.

La première fois que l’on assiste à l’une de ces réunions quotidiennes, on croit à un jeu de mimes. Une personne parle, les autres l’écoutent sagement, mais ne restent pas inactifs, bien au contraire. Leurs mains sont en voltige permanente en l’air, effectuant des mouvements qui varient selon leur approbation ou non.
«En démocratie réelle, c’est la main qui parle»
Si la plupart des gestes sont simples à comprendre (lever de main pour demander la parole ou pouce baissé pour désapprouver), il y en a un bien particulier qui nécessite traduction. L’auditeur pose sa main en suspension et la balance de droite à gauche, comme lorsque cela peut nous arriver de faire quand on veut dire «couci-couça». Pourtant, lors de ces assemblées, il n’est pas question d’être hésitant, c’est oui ou c’est non.
Ce geste bien spécifique est en réalité un applaudissement silencieux. «On n’applaudit pas parce que c’est plus civilisé, ce n’est pas un match de football», explique Dimitra, qui fait partie du groupe des «indignés» artistes. «En démocratie réelle, c’est la main qui parle, et quand tu bouges la main de cette façon, tu dis ‘’Je suis d’accord avec toi, continue’’», ajoute Miltiades, du support technique de Syntagma. Selon lui, «c’est une bonne manière d’évaluer si l’on a une direction et que cela donnera des résultats».
Une origine indéfinie
D’où vient ce geste? Personne ne le sait sur la place. Dimitra évoque les «Indignados» espagnols sans en être certaine, tandis que Miltiades pense l’avoir déjà aperçu en Grèce, «mais en petit comité». Toujours est-il que les joutes oratoires se développent dans un respect rarement vu lors de telles assemblées.
«Ce respect de la parole des autres, c’est commun en Grèce, ça nous vient directement de l’Antiquité, on apprend tout cela à l’école, c’est obligatoire», indique Miltiades. «On retrouve l’agora des Grecs anciens», renchérit Dimitra pour qui la communauté née à Syntagma «essaie de faire la différence» face au parlement grec situé juste en face.
«Ils sont sensés nous représenter, mais personne ne les écoute alors ils prennent des décisions sans nous prévenir», poursuit l’architecte. «Ici, on échange et les gens apprennent à donner leur opinion sur tout sauf l’argent, c’est nouveau pour eux», ajoute-t-elle.
Pour parler, il faut tirer le gros lot
Mais pour parler lors des assemblées générales, qui ont lieu tous les soirs à 21h, il faut tirer le bon numéro. Conscients que des centaines de personnes ne peuvent toutes prendre la parole lors de chaque session, les occupants de Syntagma ont mis en place une «loterie». «Si tu veux parler, tu prends un numéro et tu pourras t’exprimer pendant 90 secondes s’il est tiré au sort», explique Miltiades. A la fin de l’assemblée, vers minuit, chaque proposition émise est votée à main levée.
Au final, la démocratie réelle à la grecque, c’est l’éloge du silence, surtout lorsque quelqu’un s’exprime. «Ici, il faut écouter, on ne peut pas que parler, et jour après jour, le système s’améliore», confie Dimitra. Ce qui n’empêche pas parfois certaines interventions au milieu d’un discours. «En même temps, nous sommes Grecs, on est très bruyants, les choses viennent toujours du cœur lorsque l’on s’exprime», reconnaît l’architecte.

A Athènes, Corentin Chauvel

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